top of page
  • Photo du rédacteurCynoChon-Cynologiste

Ce que vivre avec un chien de refuge m'a appris


 

Avant-propos

Ce texte, est écrit au présent.

Il fut écrit et partagé sur un ancien de mes blogs, lorsque Wolk avait 8 ans.

Aujourd'hui, cela fait un an que Wolk nous a quittés à l'âge de ses 12 ans. Il est parti entouré d'amour, dans nos bras.

Je laisse ce texte au présent, je n'ai pas la force de le mettre au passé et je le trouve plus authentique tel qu'il a été écrit à l'époque.


 

Je vais principalement parler ici à la première personne, car il s'agit de mon expérience, face à cette situation.

Néanmoins nous sommes deux à avoir adopté Wolk, deux à s'être renseignés, deux à s'être engagés dans cette aventure, deux à avoir ouvert notre porte et deux à ne pas le regretter.

Cette autre personne n'est autre que l'homme qui partage ma vie.

Cette précision me permet de faire une petite parenthèse. Ouvrir votre foyer à un chien (et plus généralement, à un être vivant) impactera toutes les personnes le composant. L'impact ne sera pas forcément le même pour tous les membres du foyer, mais il est important, je dirais même capital, que tout le monde en ait conscience et partage pleinement cette décision.


 


Lorsque j'ai adopté Wolk, il y a maintenant une dizaines d'année, je commençais tout juste ma formation de cynologiste. Je n'étais pas formée en comportement canin, mais j'étais déjà certaine que je n'utiliserais aucune méthode dite coercitive et nuisant au bien-être de l'animal.

J'avais déjà une chienne de berger, sociable et habituée à vivre avec des congénères.



 Pourquoi avoir choisi d'adopter un Akita 

J'avais découvert la race des Akitas Américain depuis quelques temps, ainsi que les préjugés qui l'entourent. Je m'étais renseignée et j'étais tombée amoureuse de la race.

Mon compagnon et moi étions d'accord, le prochain chien serait un Akita Américain.

Nous avions également une autre envie, celle d'offrir un foyer aimant, une nouvelle vie, à un chien en ayant besoin.

C'est alors qu'a démarré la recherche du loulou qui ferait basculer notre cœur.

Je vous passe les détails de la recherche, les contacts avec les refuges avant de tomber sur la bouille de Wolk, car ce n'est pas le sujet.


 Qui était Wolk avant son arrivée à la maison 

Vaste question, à laquelle je n'ai pas toutes les réponses.

Wolk est un Akita Américain croisé Akita Inu, c'est ce qu'on appelle un Tweenie. Il a un passif en grande partie inconnu. Nous savons que lors de son adoption il avait quatre ans, et plusieurs foyers à son actif, dont un où il a été victime de maltraitance.

On savait qu'il n'était pas OK chats et pas franchement OK chiens. Les visites vétérinaires ont montré des marques sur ses dents typiques des chiens rongeant les barreaux d'une cage à longueur de journée. Et lors d'une communication intuitive, il a montré une image de lui, recroquevillé dans un coin, toutes dents dehors, en train de se faire battre.


Voilà tout ce que l'on sait de son passé. C'est peu, mais c'est déjà plus que pour certains chiens à l'adoption.


 Les débuts 

Wolk était très introverti, dormait beaucoup et n'interagissait principalement qu'avec ma chienne. Il s'est rapidement montré réactif envers tous ses congénères, excepté ma chienne, peu importe le sexe, la race et l'âge du chien en question.   

Refusant de croire qu'il agissait comme ça simplement parce que c'était un Akita, j'entrepris alors un long travail de désensibilisation avec lui.


Ce ne fut pas facile au début, mes connaissances étaient alors très légères. Je rencontrais des difficultés à créer une vraie relation avec lui. Certes, cela ne faisait que quelques mois qu'il était parmi nous, mais il n'était pas joueur, pas gourmand, et s'il aimait les câlins, il n'en raffolait pas non plus. Je me retrouvais donc bien démunie face à cette situation.


La remise en question 

J'ai alors contacté une cynologiste à deux heures de chez moi, pour me faire aider, pendant plusieurs mois afin de créer un lien entre Wolk et nous.

Suite à cela, une relation a commencé à se tisser. Mais elle restait fragile.

Je n'ai malheureusement pas pu poursuivre avec la cynologiste, en raison de la distance.


La désensibilisation que j'avais entreprise avançait lentement, très lentement. On avançait de deux pas, on reculait d'un.

Plus le temps passait, plus j’étais frustrée.

Je sentais bien que quelque chose dans notre relation ne collait pas. Que je n'arrivais pas à avoir son attention, à avoir sa confiance.


Et puis, est arrivée une nuit, après une balade difficile. Encore des chiens sans laisse et sans rappel, qui sont arrivés trop vite sur lui. Des mois de travail anéantis.


Cette nuit là, je n'ai pas dormi, et j'ai beaucoup pleuré.

Je savais qu'il était capable de surmonter son anxiété vis-à-vis des autres chiens, d'apprendre les codes.

Je n'étais pas fâchée contre lui, mais cette nuit là, je m'en voulais. Je m'en voulais de ne pas réussir à le comprendre, à lui parler, à obtenir sa confiance, à l'aider.


J'ai laissé les larmes emporter la colère et la frustration. Puis, j'ai entrepris une difficile introspection, une grosse remise en question. Cette nuit là, je me suis regardée de l'extérieur.


Wolk, était le premier chien que je n'avais pas eu chiot.

Wolk, était le premier chien qui n'avait pas eu une vie heureuse que je rencontrais.

Wolk, je l'avais pris pour l'aider, pour en faire un chien « bien dans ses pattes », pour qu'il soit heureux, sans rien attendre de lui en particulier.   

Avant d'adopter Wolk, je m'étais fixée une pression monstrueuse. Je m'étais mis un délai et un résultat à obtenir. Un résultat basé sur de fausses représentations, sur les images de chiens parfaits qui sont médiatisés, sur des chiens ayant eu un passé sans encombre.

Bien sûr, tout cela n'était pas conscient, avant cette nuit là.


 S'apprivoiser 

Une fois ce constat fait, j'ai totalement changé ma façon d'être avec lui.

J'ai passé plusieurs mois, à l'observer, tout simplement. Wolk était très indépendant. S'il n'avait aucune peur ni aucune agressivité envers les humains, ces derniers n'étaient clairement qu'un plus à ses yeux, mais pas du tout indispensables.

J'ai alors cherché à voir comment il se comportait quand on lui en demandait le moins possible.


J'ai alors pu percevoir ses besoins, ses envies, ses motivations. Clairement, Wolk n'est pas un sportif et le canapé est son meilleur ami. Il adore les longues siestes au soleil, et quelques papouilles bien précises et choisies.

Il s'est avéré également être chasseur, mauvais certes, mais persévérant.


Je lui ai alors proposé des activités de chasse encadrées et non dangereuses pour les autres animaux, afin de combler son besoin et surtout d'en être l'initiatrice.

Ainsi Wolk commença à modifier son attitude envers moi, j'étais devenue celle avec qui il allait pouvoir faire une activité méga fun.

Je réservais les papouilles spéciales pour les moments où il produisait des comportements que je voulais revoir.

J'ai observé que certains endroits de son corps le faisait réagir. J'ai alors entrepris une désensibilisation de ces endroits.   

Et très rapidement, en répondant à ses besoins, en utilisant ses motivations et en désensibilisant certaines zones de son corps, je suis devenue la complice de Wolk, qui a commencé à chercher des interactions avec moi.


A partir de là j'ai pu, doucement, travailler avec lui, tester ses capacités, constater ses limites. Wolk est un partisan du moindre effort et sa motivation est de très courte durée.

J'ai donc sélectionné les éducatifs indispensables à sa désensibilisation, afin de lui faire le programme le plus basique possible, et je n'ai cherché qu'à atteindre l'étape d'acquisition nécessaire pour le travail souhaité, je n'ai pas fait de zèle.


Et c'est ainsi, progressivement, mais sûrement, qu'il m'a fait confiance et qu'il a appris à ne pas réagir à la vue de ses congénères.

Dans ce long travail, la dernière pierre fut posée par Chewie, mon deuxième Akita arrivé à la maison, qui avec sa fougue de chiot et sa merveilleuse socialisation, lui a appris à jouer avec les autres chiens.


Aujourd'hui, Wolk n'est pas un chien qui aime les congénères inconnus, et c'est son droit, mais si on le laisse tranquille, il reste pacifique.


 Ce qu'il m'a appris 

Wolk, c'est mon Everest à moi. Il m'a fait grandir. Il m'a permis de me surpasser.

Ce chien est celui qui m'a le plus formée. Parce qu'il ne rentrait dans aucune case, parce qu'aucune méthode basique ne fonctionnait. Parce qu'il fallait s'adapter à lui, l'écouter et le comprendre. Parce que Wolk, comme dirait un ami « ce n'est pas un chien ».


Wolk, m'a appris à observer, à comprendre, à prendre le temps. Il m'a appris à prendre du recul, à s'éloigner du cœur du problème pour le voir dans sa globalité.

Wolk, c'est mon renard qui m'a expliqué ce que ça voulait dire « apprivoiser », comme dirait Saint-Exupéry. « Si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde... ».

Wolk, m'a appris ce que voulait dire « donner sa confiance », et ça n'était pas gratuit, ça se méritait. Il m'a appris que la confiance était la chose la plus précieuse que l'on pouvait offrir, et qu'il s'agissait là d'une chose fragile.

Wolk, m'a appris ce que c'est que de construire une relation durable.

Wolk, m'a prouvé que la douceur et la bienveillance était la clé.

Wolk, m'a appris que même la plus petite des victoires, est une victoire.

Wolk, m'a appris qu'il fallait se remettre en question, que c'était positif, que tester des choses et ne pas y arriver du premier coup, n'est grave, tant que l'on sait rebondir. Mais qu'il ne faut jamais baisser les bras.




Bien sûr j'aurais aimé faire plein d'activités avec lui, mais rien ne lui plaît plus que ses longues siestes sur le canapé.

Et même si aujourd'hui, j'ai les capacités de lui apprendre des tours, inutiles pour son bien-être, je ne le fais pas. Ce serait égoïste. Il a eu une vie suffisamment difficile, ses progrès sont incroyables, et je n'oublie pas ma promesse, je voulais l'aider, qu'il soit heureux.

C'est chose faite, et le voir remuer son pompon chaque jour quand il nous voit, jouer avec Chewie, ronfler des heures durant sur sa banquette, me suffit amplement.






 Ce qu'il a appris à mon compagnon : (ce sont ses mots, pas les miens)

N'étant pas cynologiste, ou bien dans un monde proche des chiens, il y a bien des choses qui m'échappent dans la relation humain/chien. Cependant, en ayant fait la rencontre de Wolk, j'ai appris la patience et la tolérance indispensables à son bien-être. C'est parfois un combat personnel et quotidien que de simplement « faire avec » et tolérer que les règles de nos relations, ne soient pas uniquement établies par et pour l'humain.   

Le temps passant, je constate non sans émotion, que notre Loulou trouve sa place, et qu'il s'épanouit dans notre « gang ». Aujourd'hui nous n'attendons presque rien de lui, si ce n'est qu'il soit heureux avant tout. 

Wolk m'a appris que l'échec, ce n'est pas avoir honte de celui-ci, mais apprendre à l'accepter pour en tirer les leçons qui font que nous devenons alors une meilleure version de nous-même.  Il est devenu aujourd'hui un membre à part entière de notre petite famille. Et nos parties de jeu, lorsque nous nous retrouvons seuls tous les deux, sont des moments précieux que je n'échangerais contre rien au monde.   

Mon Wolk, est unique en son genre, il est attachant, rêveur, distrait, blagueur à ces heures, et restera à jamais notre « bonhomme ». C'est le premier chien que nous avons adopté ensemble, et aujourd'hui qu'il semble plus épanoui à chaque jour qui passe, la vie que nous avions avant son adoption semble de plus en plus inconcevable.   



37 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page